Quartier général du Boston Police Department,
États-Unis, octobre 2008

Le quartier général de la police bostonienne pouvait rivaliser avec les plus belles forces du pays. Ce vaste immeuble, dont l’arche vitrée ne surprenait plus, était équipé de son propre laboratoire d’ADN, un privilège que ne partageaient qu’une petite vingtaine de villes aux États-Unis. Il possédait également un laboratoire d’identification balistique parmi les plus performants.

Diane avait décliné l’offre de Katherine McDermid de dîner sur le pouce en sa compagnie, puisque Melanie Seligman devait rejoindre les locaux de la police un peu plus d’une heure plus tard. La psychiatre n’avait nulle envie de bavardages avec une presque inconnue. Elle s’en était tirée grâce à une pirouette à peu près courtoise en déclarant :

— Je suis certaine que vous avez des choses plus amusantes à faire que de dîner avec une profileuse peu diserte.

Katherine McDermid avait semblé déçue mais n’avait pas insisté. Elle avait déposé la psychiatre non loin de Morton Street, lui précisant :

— Les petits restaus ouverts tard dans le coin ne sont pas trop géniaux.

— Je survivrai, ne vous inquiétez pas.

Une déclaration hâtive et optimiste si elle en jugeait par l’immonde pizza noyée sous une épaisse couche de gruyère fondu qu’elle avait engouffrée et qui lui restait sur l’estomac.

Son regard frôla à nouveau l’amas de mouchoirs en papier, roulés en boule, qu’avait déposés Melanie Seligman sur la petite table en Inox de la salle d’interrogatoire. La femme, une petite brune dodue âgée de cinquante-huit ans, était défigurée par les larmes. Chaque question que lui posait l’enquêteur Gavin Pointer déclenchait une nouvelle crise de sanglots et elle hoquetait ses réponses. Elle répéta pour la dixième fois d’une voix hachée :

— C’était ma meilleure amie, vous comprenez. Depuis l’école primaire. On ne s’est jamais séparées. Sauf durant les deux ans de mon mariage, une calamité. J’avais suivi mon mari en Arizona. Dès que j’ai divorcé, je me suis rapprochée d’Emma et de Bernard. C’était comme une sœur… (Elle se moucha et déposa une nouvelle boule blanche sur les autres.) Mieux qu’une sœur… Il y a des sœurs qui ne s’entendent pas…

À l’évidence, Pointer n’avait pas souhaité la présence de Katherine McDermid durant l’entrevue. Sa décision se justifiait, puisqu’elle ne faisait pas partie de l’enquête. Cela étant, Diane avait bien souvent remarqué que la présence d’un flic femme apaisait les témoins de même sexe. Elle s’excluait du lot, n’ayant rien d’un dulcifiant.

— D’autant que je n’ai pas eu d’enfant et que je n’ai plus de famille… Alors, Emma, c’était ma famille…

Diane comprenait le chagrin et aussi la panique de Melanie Seligman. Sa meilleure amie venait d’être massacrée – ce qu’elle ignorait encore, Pointer ayant habilement évoqué un meurtre puis fait dévier la conversation – et elle se retrouvait seule. Pourtant, ils n’arriveraient à rien de cette façon, parce qu’elle ressassait en boucle ses souvenirs. Diane décida d’intervenir en espérant que Pointer se tairait. Elle opta pour un ton doux, amical, une stratégie obligatoire.

— Madame Seligman, croyez bien que nous comprenons votre terrible peine. C’est si soudain, si affreux. Cependant, nous avons besoin de votre aide…

Melanie se tamponna les yeux et se moucha en hochant la tête en signe d’acquiescement.

— Mme Crampton vous aurait-elle précisé qu’elle comptait recevoir ou voir quelqu’un durant l’absence de son époux, ou se rendre quelque part ? Réfléchissez, je vous en prie.

— Non… Non, puisque j’ai été surprise de ne pas la trouver chez elle lorsque j’ai appelé. Mais il faudrait que vous demandiez à Caroline.

— Caroline ?

— Caroline Homer… Je… Je ne l’ai pas prévenue… Enfin, après votre appel… Caroline et Emma sont… étaient…

Une quinte de sanglots l’interrompit. Diane attendit qu’elle se reprenne.

— … Pas eu le courage… Les trois inséparables… On nous appelait les Trois Mousquetaires, sauf qu’on n’était pas quatre… Enfin, un peu si on compte notre amie Maggie…

— Maggie ?

— Margaret Faulk. Mais bon, elle est très famille-famille, beaucoup moins dans les relations amicales… moi, j’ai toujours été un peu plus proche d’Emma… Caroline… vous voyez, c’est une femme géniale… Elle est bourrée de qualités, de talents… Elle a toujours tout réussi dans la vie… Elle est historienne… elle a écrit plusieurs livres, vous savez… Bon, moi je n’ai pas réussi grand-chose, une petite vie, quoi. Je pense qu’Emma me comprenait mieux…

— Pourquoi ? Mme Crampton avait-elle… des soucis ?

Melanie baissa les yeux et Diane fut certaine qu’elle ne remarquait pas l’amoncellement de mouchoirs en papier.

— Oh, vous savez…

— Madame Seligman, je comprends votre réserve. Vous ne trahissez pas la confiance d’une amie morte. Je serai franche : nous n’avons pour l’instant aucune piste. Un détail de la vie de la défunte pourrait nous permettre d’avancer vers l’arrestation de son meurtrier.

Serrant un mouchoir dans sa main, la petite femme brune hocha la tête. Elle prit une longue inspiration.

— Et puis… je ne suis pas sûre que Bernard vous en parlera. Alors, en effet, il vaut mieux… Emma a eu un grand amour tragique. Pas Bernard. Il s’appelait Gerald. Elle avait vingt-quatre ans, elle était enceinte de Jake. Ils allaient se marier, et Gerald s’est tué dans un accident de voiture. Elle ne s’en est jamais vraiment remise. Je crois qu’elle l’a toujours adoré au fond d’elle, même si elle aimait beaucoup Bernard. D’ailleurs, c’est un type très bien. Il a élevé Jake comme s’il s’agissait de son fils. Il l’a même adopté.

— Ils ont d’autres enfants ?

Melanie secoua la tête en signe de dénégation et expliqua :

— Je ne veux pas faire de la psychologie de bazar, mais Emma a ensuite fait fausse couche sur fausse couche.

— Jake a donc maintenant trente-cinq ans environ ? Vous savez où il vit ?

— Non. Et je doute que Bernard puisse vous renseigner.

— Pourquoi cela ?

Les lèvres de Melanie se pincèrent. Elle finit par lâcher :

— Il les a menés en bateau, dès le plus jeune âge. Une petite ordure. Pourtant, ils ont tout fait pour ce gamin. Un teigneux, menteur, voleur, fainéant. Si vous saviez ce qu’Emma a pu pleurer. D’autant que, à ses yeux, il était un peu la continuation de Gerald.

— Malheureusement, ou heureusement, la génétique humaine n’a rien d’une règle de trois.

— Il a commencé à fréquenter des types plus que louches. Il a sombré dans l’alcool et la drogue. Il a soutiré tout l’argent qu’il pouvait à ses parents, jusqu’au jour où Bernard a mis les pieds dans le plat et l’a foutu à la porte, en lui ordonnant de ne jamais reparaître. Ils en sont presque venus aux mains. Emma était dans un état épouvantable. Elle savait que Bernard avait raison, mais c’était quand même son fils.

Les larmes de Melanie Seligman s’étaient un peu taries. Elle respirait avec plus d’aisance, bien que serrant toujours convulsivement un mouchoir au creux de sa main. Gavin Pointer se redressa sur sa chaise et Diane sentit qu’il allait intervenir. Il risquait de tout gâcher. Elle lui intima le silence d’un discret mouvement de main.

— L’absence d’objectivité des mères aimantes. Rassurant, très, mais souvent inutile, renchérit Diane.

— En effet. Quelques mois plus tard, ils ont été cambriolés. Ils n’ont pas porté plainte, n’ont pas prévenu leur assurance.

— Pourquoi ? demanda Diane, certaine de la réponse.

— Parce que le voleur en question savait exactement où se trouvaient les objets de valeur. Emma et Bernard en sont très vite arrivés à la conclusion qu’il s’agissait de Jake. Ils se sont contentés de faire installer un système d’alarme.

— Je vois. Selon vous, Emma a-t-elle revu son fils après cette scène, ou ce cambriolage ? Même en cachette de Bernard ?

— Je n’ai pas l’impression. Du moins, elle ne m’en a jamais parlé.

— Lui envoyait-elle de l’argent, avait-elle de ses nouvelles ?

— Encore une fois, je peux me tromper, mais je ne crois pas. Un jour… oh, il y a de cela un an ou deux, on faisait les courses – on allait souvent au supermarché ensemble le samedi, c’est moins barbant que seule –, elle m’a dit, d’un ton vraiment peiné : « Si ça se trouve, il est mort et je ne suis même pas au courant. ».

— Donc, à l’évidence, elle n’avait plus aucun contact avec lui. Du moins, il y a encore un an ou deux.

À la dernière phrase, Melanie releva la tête et fixa la profileuse. D’un ton presque sec, elle exigea :

— Que voulez-vous dire ? Vous pensez que Jake aurait un… lien avec ce… cette monstruosité ?

— Je ne pense rien, madame Seligman, et je le déplore. J’explore toutes les possibilités à la recherche d’un début de piste.

Melanie relata encore quelques souvenirs, dont certains la firent sourire dans son chagrin. Elle donna les coordonnées du couple Homer, Caroline et Alan, en leur précisant :

— Il construit des bateaux de plaisance. Des beaux. Parfois même des yachts. Beaucoup d’argent. Pourtant, vous verrez, ce n’est pas le genre à l’étaler pour en foutre plein la vue. Un couple génial. Toujours prêts à rendre service, chaleureux. (Elle sourit, soulagée par cette pensée qui la faisait revenir en arrière, lorsque tout était encore normal, lorsque Emma n’était pas morte.) Sauf que je préfère toujours que ce soit Emma ou moi qui recevions… On ne peut pas dire que Caroline soit un cordon-bleu… C’est une bonne surprise lorsqu’elle a manqué de temps et commandé des pizzas ou des plats chinois ou japonais. En revanche, ils ont une cave digne de ce nom.

Diane lui signifia ensuite habilement qu’ils n’avaient plus besoin d’elle, qu’elle leur avait été d’une aide précieuse et qu’une voiture de police allait la raccompagner chez elle.

Lorsque Melanie se leva, Diane l’imita. Elle s’interdisait l’empathie avec les vivants. Trop douloureux, trop infini. D’autant que les vivants n’étaient pas son affaire. Néanmoins, cette femme l’émouvait. Une gentille petite dame brisée. Elle lui saisit les mains, dont une tenait toujours les lambeaux d’un mouchoir en papier.

— Melanie… Enfin… Il n’existe aucune mort intelligente ou acceptable pour les proches aimants. Cela étant, un meurtre est tellement invraisemblable… On lit ça dans les journaux, on voit ça à la télé… on se console en se disant que ça ne peut pas nous arriver. C’est si loin de nous, de nos vies. Et ça nous tombe dessus. Je sais ce qu’on ressent. Je suis… de tout cœur avec vous. C’est un peu bête comme phrase. Pourtant, en l’occurrence, c’est vrai. Si quelque chose vous revenait, n’importe quoi, surtout appelez l’enquêteur Pointer, ou moi, à Quantico.

 

Bernard Crampton arriva moins d’un quart d’heure plus tard. Il était bel homme, grand, musclé, élégant. Défait, il se cantonna dans des banalités de mémoire, sautant d’une période à l’autre de sa vie avec Emma. En dépit de l’insistance feutrée de Diane, il n’évoqua jamais Jake, jamais le premier amour de sa femme, et elle comprit qu’il ne leur serait d’aucune utilité. D’une voix qu’il s’efforçait de rendre ferme, il confirma que, à sa connaissance, Emma ne devait recevoir ni aller visiter personne durant sa courte absence de quatre jours. Lorsqu’il porta à ses lèvres le thé qu’on lui avait offert, il dut saisir le gobelet à deux mains, tant il tremblait. La profileuse décida de mettre un terme rapide à leur entrevue. Elle perdait son temps. Une conclusion peu charitable, mais elle n’en avait cure. Une autre victime allait suivre, et il s’agissait là de sa plus impérieuse urgence. Deuxième urgence, sa chienne, Silver-l’autre, bouclée depuis le matin dans la maison de Fredericksburg.

Dès que Bernard Crampton fut parti, elle exigea qu’on la raccompagne à Logan.

— Il est pas loin de minuit. Les pilotes d’hélicoptère préfèrent voler de jour, d’autant qu’on a un peu de brouillard. On peut vous trouver une chambre. Vous repartirez à la première heure demain matin, suggéra Pointer qui semblait avoir digéré son acrimonie, ou alors qui avait appliqué à la lettre l’adage selon lequel il convient de faire contre mauvaise fortune bon cœur.

— C’est gentil, mais non, je dois rentrer. Ma chienne m’attend. Quant au pilote, il s’agit d’un militaire, pas d’une frêle pâquerette. S’il faut voler de nuit, il volera de nuit. Au fait, Pointer, même si ça semble une impasse, a priori, tentez de vous renseigner sur ce gentil Jake Crampton.

— C’était bien mon intention, déclara-t-il, soulagé de ne pas être viré de l’enquête. Vous croyez que…

— Je ne crois jamais rien, Pointer, l’interrompit-elle. Mon métier consiste à savoir. Cela étant, Jake Crampton semble une ordure de joli gabarit. Certes, il existe un univers entre un escroc et un tueur psychopathe. Pour taillader sa propre mère tel un bout de barbaque, il faut haïr au-delà de l’imagination. Rien de commun avec un simple cambriolage ou de petits chantages affectifs. Cependant, à défaut d’autre chose…

 

La mort, simplement
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